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dimanche 5 juillet 2015, par
La journée dans la grotte de Lihouma, nous a permis, entre deux relevés topographiques, d’admirer tour à tour une cascade magnifique, des draperies de calcite et une fresque minérale à couper le souffle.
J5, 4 juillet
Ce jour, et comme la veille, Richard mise sur un local pour nous conduire dans la grotte de Lihouma. Sur la route, nous nous arrêtons devant une petite maison à l’enduit bleu ciel. Taillé de près, le jardin contraste avec le désordre de la végétation forestière alentour. Monsieur Kally nous accueille devant chez lui, il est instituteur et vit ici avec sa famille. A la demande de Richard, il accepte de nous emmener jusqu’à la grotte, son repère de « roussettes » - une espèce de chauve-souris qu’il traque régulièrement.
Après une demi-heure de marche sur un chemin tracé, le chant d’une cascade parvient à nos oreilles. Nous approchons du point clé. Trois coups de machette plus tard, notre guide interrompt ses pas et pointe sa lame devant lui : « voici l’entrée ! » Nos regards suivent ; le tableau est superbe. A part Richard qui connaissait l’endroit pour s’y être rendu quelques années auparavant, le reste de l’équipe découvre une merveille naturelle. Le maigre orifice rocheux de la veille paraîtrait ridicule face à ces immenses ouvertures. Le sol est comme balafré au beau milieu de la forêt. Une continuité de couleur entre la dolomie recouverte de mousse verdâtre et la végétation concourt à l’esthétique du lieu. En s’approchant, nous tombons sur une cascade d’une dizaine de mètres. « C’est un aven ! » me dit Richard : un trou vertical et ouvert entourant la chute de bas en haut. Outre les stalactites, nous admirons de larges draperies, une concrétion formant des rideaux de calcite. Elles épousent gracieusement la chute de l’eau.
En contre-bas de la cascade, nous déposons nos sacs devant la grotte principale de Lihouma. Pendant que nous enfilons nos casques et testons nos lumières, Olivier prépare le matériel pour topographier la cavité, chose qui n’a encore jamais été faite ici. L’avancée dans la grotte s’effectue relativement facilement. Le spéléologue confirme : « hier, nous étions dans une grotte labyrinthe, aujourd’hui c’est un large couloir. Deux types de cavités radicalement différentes. » Surprise par notre arrivée, une nuée de chauve-souris, se précipite vers l’extérieur en frôlant nos casques. Les cris stridents combinés aux innombrables battements d’ailes déclenchent un vrai boucan. Mais ce faisant, au milieu de la grotte, les chiroptères révèlent sur le plafond une fresque des plus sublimes. Des cercles concentriques bruns sur la paroi blanche, jaune parfois, nous laissent cois. « Ce sont les oxydes de fer qui coulent avec l’eau en s’infiltrant dans les fissures » m’explique Richard. C’est surtout la régularité, la symétrie des formes qui étonne. « Les strates étant horizontales les unes sur les autres l’eau s’écoule naturellement de manière uniforme entre elles » ajoute-t-il, en braquant son appareil photo vers ce sublime tableau minéral.
Je rejoins Stéphanie et Olivier, procédant aux relevés topographiques de la grotte. Un travail qui sera réalisé par les spéléologues à chaque nouvelle découverte. Quel est l’objectif ? Il s’agit prendre toutes sortes de mesures avec un laser : les distances, les directions par rapport au Nord, la pente, les largeurs et la configuration de la galerie. « Toutes ces données sont enregistrées dans mon petit ordinateur qui révèle ensuite une carte 3D de la grotte, détaille Olivier. J’ajoute aussi les ruisseaux, les couches de guano etc. Rien ne nous échappe ! » Avec une précision de géomètre, Olivier et Stéphanie mettront plusieurs heures à relever la topographie de cette cavité de 350 mètres de long. En attendant, le reste de l’équipe est sorti à l’air libre, mettant l’attente à profit pour repérer, en vain, de nouvelles grottes.
« Une bonne chose de faite » déclare Olivier sur le chemin du retour. Deux grottes explorées et topographiée entièrement, de magnifiques fresques pariétales : nous rentrons satisfaits et, comme tous les jours, étreints par une saine fatigue. Les prochaines expéditions devront s’organiser par thème de recherche. Place à la science.
L’équipe du jour :
Richard OSLISLY , géoarchéologue
Olivier TESTA, spéléologue
Stéphanie JAGOU, spéléologue
Prosper NTOUTOUME, archéologue
Narcisse LEMBOMBA, écoguide
Hugo STRUNA, journaliste