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En route vers les grottes de Lastoursville - Journal de bord #1

mercredi 1er juillet 2015, par Hugo Struna

Voici les premières nouvelles de notre expédition. Il nous a fallu deux jours pour nous rendre dans la petite ville de Lastoursville, où les grottes nous attendent. Un voyage intense à travers le Gabon qui commence à Lastoursville, la capitale.

J1, 28 juin :
Après six heures de vol, nous foulons la capitale du Gabon, Libreville. L’air est humide mais la température reste agréable en ce début de saison sèche. C’est Richard, le chef de mission et archéologue qui nous accueille, avec une aisance d’hôte nous recevant chez lui. Ce chercheur détaché de l’IRD (Institut de Recherche et de Développement) explore le Gabon depuis 35 ans, et réside depuis quelques années à Libreville. Il le connaît le pays mieux qu’aucun français.
A peine nos valises récupérées puis déposées dans le coffre, nous sautons dans son quatre-quatre vert feuillage arborant sur les portières le sigle de l’ANPN (Agence Nationale des Parcs Nationaux). Nous nous sentons déjà en expédition. Mais les grottes sont encore loin du littoral de Libreville : 600 kilomètres dans l’arrière-pays nous en éloignent. Le départ est prévu pour le lendemain matin. Pour l’instant, direction notre hôtel, le Tropicana, une résidence de vacances bordant la plage qui nous reçoit au rythme d’une musique dansante. La plage est jonchée de ces jeunes Librevillois fêtant probablement la fin de l’année scolaire. Usés par notre voyage, nous préférons célébrer notre arrivée en sirotant la bière locale, la Regab, avec un petit groupe d’expat’ français qui partage notre table. Ils écoutent fascinés les histoires de Richard et du spéléologue Olivier sur les crocodiles oranges - leur célèbre découverte gabonaise qui a fait, en partie, leur renommée ici. Un beau coucher de soleil à peine voilé suspend un moment la conversation. Demain, l’océan sera derrière nous : en route vers l’intérieur des terres, nous filerons en direction de Lastoursville.

Arrivée à Libreville

J2 29/06 :
Départ de Libreville : 6h30. Nous nous donnons tous rendez-vous chez Richard qui a eu la gentillesse de nous inviter à dîner chez lui la veille. Au menu, typiquement local : une espèce de pate délicieuse composée de feuilles de manioc bouillies et de poisson fumé. En cette matinée douce et mal réveillée, le temps presse. Richard aimerait rejoindre Lastoursville avant la nuit : une décision raisonnable étant données les conditions incertaines de circulation à prévoir. D’autant plus que 12 heures de trajet nous attendent ! Les deux camions qui nous transporteront tout au long de la mission vrombissent enfin vers 7h30. Nous voilà partis. Les spéléologues Olivier et Stéphanie suivent le véhicule de tête conduit par Richard, avec lequel je partagerai le trajet. A la sortie de Libreville, nous récupérons deux co-équipiers supplémentaires : Prosper, archéologue qui travaille avec Richard et Narcisse notre écoguide, originaire de la région de Lastoursville.

Une seule route traverse le pays d’Ouest en Est, un héritage de la coloniale qui, dès notre sortie de Libreville, nous donne un avant-goût de ce qui nous attend. « La Nationale 1 est une voie léopardisée, bosselée, rapiécée ! » me confie Richard avec un sourire amusé malgré son agacement qu’il ne cache pas. En effet, ce que nous appellerions vulgairement des « nids de poule » parsèment une voie qui alterne suivant les kilomètres bitume lisse et piste de terre. Au fil du trajet, la ville laisse rapidement place à un paysage forestier dont les couleurs vives m’enchantent. De chaque côté de la route, la marne ocre contraste avec les verts de la végétation dense. Les bruits multiples laissent imaginer une faune richissime. Nous aurons d’ailleurs la chance de céder le passage à une mère chimpanzé et son petit, traversant impassibles notre route. Aussi, quelques panneaux mettent en gardent contre les traversées d’éléphants, assez présents semble-t-il. Bientôt les paysages de forêt laisseront percer des étendues de savane. Une mosaïque savane-forêt, caractéristique du bassin de l’Ogooué, le fleuve que nous longeons jusqu’à Lastoursville.

mosaïque forêt-savane dans le parc national de La Lopé
Fleuve Ogooé à proximité de son affluent Okano

Les 12 heures sont longues, cahotantes, éprouvantes – pour les conducteurs surtout – mais pas moins instructives. Un cours de botanique nous est dispensé par Richard et Olivier : « les parasoliers, ces longs arbres bordant la route sont les fantassins de la reforestation, il recolonisent la forêt ! », « l’okoumé avec ses feuilles rouges, l’arbre phare du Gabon, est, lui, en deuxième ligne ». Sans parler des bambous de Chine et autres berlinia à fleurs blanches qui défilent aussi de chaque côté de la route. Avant d’arriver à bon port, nous traversons la forêt dite « des abeilles », nom donné en raison de l’omniprésence de mélipodes (mouches) et d’abeilles.

Puis, soulagé, vint Lastoursville, une petite ville tranquille de quelques 6000 âmes. Sur le rond-point qui mène directement à l’hôtel où nous résiderons pendant un mois surplombe Wongo, le héros local, grand résistant à la colonisation. Enfin sur place ! L’expédition à proprement parler, peut démarrer.

Wongo, héros de Lastoursville
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