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Des « pièges à poils » pour les rongeurs

jeudi 16 juillet 2015, par Hugo Struna

Parmi les mammifères que l’on peut croiser dans les grottes, les rongeurs sont sûrement les plus nombreux. De passage à Lastourville pour quelques jours, le biologiste Stephan Ntie (Université des Sciences et Techniques de Masuku, Franceville) étudie ces petits animaux avec une technique des moins invasives : le piège à poils. Interview à la sortie de la grotte de Pahon.

Vous êtes en train de relever vos pièges à poils, comment fonctionnent-ils ?

Ce sont des pièges qui capturent uniquement les poils de l’animal, en l’occurrence ceux des petits rongeurs. Constitués de tubes de PVC et de gaines électriques de 10 et 5 centimètres de diamètre respectivement, ils contiennent à leurs extrémités des petites trappes sur lesquelles nous avons plaqué du scotch double face. A l’intérieur, nous y avons aussi introduit une noix de palme en guise d’appât. Ainsi, lorsqu’un animal pénètre dans le tube, le scotch lui arrache « gentiment » quelques poils. C’est la méthode la moins invasive qui soit !

Stephan Ntie explique comment fonctionnent ses pièges à poils
Stephan Ntie vérifiant la présence de poils dans son piège

Où déposez-vous vos pièges ?

J’ai déposé le même nombre de pièges dans la forêt – même dans les arbres –, et dans deux grottes, dont Pahon où nous sommes ici. J’ai voulu étudier deux types d’environnement différents que je pourrai comparer : l’extérieur et l’intérieur des grottes. Mais je ne m’enfoncerai pas pour autant avec les spéléologues au fond des cavités, les rongeurs se cantonnent généralement à l’entrée.

Quels types de rongeurs allez-vous capturer ?

Justement, c’est le mystère ! Ces animaux n’ont quasiment jamais fait l’objet d’études au Gabon, et encore moins dans les grottes. Mais nous devrions trouver des souris, des rats de forêt, des écureuils… Le but est de faire un travail d’inventaire des espèces. Ce qui sera intéressant, c’est également de voir si la composition des communautés de rongeurs diffère selon qu’on soit dans les grottes ou en dehors. Peut-être que nous découvrirons des espèces endémiques aux cavités, ce serait passionnant.

Comment reconnaître l’animal à travers son poil ?

Les poils seront d’abord identifiés sur le plan morphologique au microscope. La taille, la forme et la structure peuvent suffire à déterminer le genre de l’animal. Ensuite pour l’espèce, il faudra extraire l’ADN – contenu exclusivement dans le bulbe - et le comparer avec celui des autres rongeurs répertoriés dans le monde entier.

Stephan Ntie expose le mode de conservation des poils

La chasse aux poils a été bonne aujourd’hui ?

Oui, mieux que ce à quoi je m’attendais. Sur 84 pièges déposés, 38 contiennent des poils. Nous pouvons, toute prudence gardée, repérer une première tendance : les rongeurs ont l’air bien plus nombreux dans les cavités qu’en dehors. Mais seules les études complémentaires nous le confirmeront. C’est Amour [l’étudiant de Stephan, sur place également - NDLR] qui se chargera, durant tout le mois d’août, d’étudier ces échantillons.

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